Attention, Rémi Delaunay va vous sonner les cloches !
" C'est par là que nous valons quelque chose, l'aspiration. Une âme se mesure à la dimension de ses désirs, comme l'on juge d'avance des cathédrales à la hauteur de leurs cloches. " Gustave Flaubert
Rémi Delaunay. Eglise Saint-Etienne de Landisacq. Crédit photo "L'Orne Combattante"
Nota Bene. Cet article est déconseillé aux parisiens qui, entre autres chant du coq, de cigale, ou coassement de grenouille, ne supportent pas les cloches ! Je remercie ici Benedict Saint-Patrick qui a pensé que j'étais la mieux placée pour parler de ces instruments intangibles. Je me demande comment je dois le prendre... Floriane Linz
« Je sonne pour vous » (La devise de Rémi)
Voilà un p'tit gars qui nous met du baume au coeur : Rémi Delaunay ! Il habite le petit village de Landisacq, dans l’Orne. Un p’tit gars qui nous change de cette jeunesse, de cette génération perdue, biberonnée au rap, à la sous-culture anglo-saxonne, aux réseaux sociaux anémiant les esprits les moins avertis. Et qu’est-ce qu’il nous raconte le Rémi ? Il nous raconte qu’il souhaite devenir campaniste. Quèsaco ?
C’est celui qui créée ou restaure les cloches (à ne pas confondre avec le fondeur de cloches), mais aussi les horloges des clochers et des tours de nos plus humbles églises aux plus prestigieuses Cathédrales. Il s’occupe également des beffrois de nos Hôtels de Villes, tels ceux du Nord.
Un métier singulier qui suscite à nouveau des passions, où l’on est à la fois menuisier, horloger, électricien, électronicien, électromécanien… et équilibriste ! Car, il ne faut pas avoir le vertige quand on se retrouve perché à des dizaines de mètres au-dessus du plancher des vaches.
C’est donc un passionné de cloches. Déjà, très jeune, il s’engouffre dans l’église Saint-Etienne de Landisacq, pour y rejoindre celles et ceux qui fréquentent l’édifice. Le plus naturellement du monde, il prend l’initiative de sonner les cloches lors des différentes cérémonies qui s’y déroulent.
Afin de partager sa passion, Rémi n’hésite pas à investir Internet et le site Youtube pour y créer sa propre chaîne "Les cloches Normandes " et de « nous sonner les cloches » à qui mieux mieux ! Pour l’instant, il se cantonne aux villes et villages du majestueux département de l’Orne.
Et, ce qui ne gâche rien, Rémi nous propose, pour chacune de ses vidéos (d’une très grande qualité tant visuelle que sonore), une introduction remarquablement bien détaillée, de l’église, ses cloches, sans oublier la commune qui les accueille. Un vrai pro, ce Rémi !
Province de Campanie
Historique qui cloche bien
Le mot campaniste est entré dans nos dictionnaires en 2008. Il nous vient de l’italien campana, la cloche, clocca en bas-latin. C’est Saint-Paulin, au Ve siècle, Evêque en la Province de Campanie, en Italie, qui aurait eu l’initiative de suspendre les cloches dans des tours appelées « campaniles ». La Campanie est reconnue depuis l’Antiquité pour son industrie métallurgique, notamment la fabrication de cloches destinées aux assemblées publiques, aux ventes, aux criées, ou autres rassemblements. Campana, Campanie (à ne pas confondre avec « Alexandra, Alexandrie », de notre Cloco national), il est aisé de reconnaître l’origine des mots « cloche » et « campanile ».
Aujourd’hui, on n’a plus idée du rôle essentiel des cloches, surtout à quel point elles ont pu compter auprès des populations des villes et des campagnes, tant en France qu’en Europe, en rythmant les heures de la journée, ou les épisodes de la vie d’un chrétien, tels l’angélus, une messe, des vêpres, un baptême, un mariage, un enterrement, l’ordination d’un prêtre, l’installation d’un évêque sur sa cathèdre (l’origine du mot « cathédrale ») ; en annonçant le début et la fin des récoltes, des vendanges ; en mettant en garde contre les maladies, les épidémies, la guerre, une invasion, une descente de brigands ; en avertissant du déchaînement des éléments naturels (tempêtes, incendies de landes, de forêts, orages, raz-de-marée, grêle), etc.
Quant aux évènements laïques, (la visite d’un grand personnage, une élection municipale, ou cantonale, la nomination d’un édile, d’un instituteur, du garde-champêtre), le civil utilisait ses propres cloches disposées dans le beffroi de la maison communale (la mairie), quand ce n’était pas dans le clocher de l’église, ce qui, souvent, déclenchait des luttes intestines entre, d'un côté, l’Evêque ou le curé, et de l'autre, les instances civiles !
Plusieurs fois, au cours de l’Histoire, parce qu’elles furent d’authentiques et d’incontournables porte-voix des évènements religieux ou ceux civils, qu'ils fussent pacifiques ou belliqueux, elles faillirent bien disparaître. Tenues au silence, ou confisquées, ou volées, sous les révolutions, mais également au cours de périodes soi-disant plus sereines ! Dépendues, puis fondues pendant les guerres pour en faire des canons.
" Dans les coulisses de Notre-Dame de Paris ", Élodie Font et Joël Alessandra.
Quand on se fait sonner les cloches
Les cloches peuvent être fixes. Elles sont alors frappées par un marteau ou par un battant attaché par une corde que l’on agite, bien que la grande majorité soit électrifiée depuis les années 50.
Le plus souvent, on les sonne en volée. Pour ce faire, on les fait osciller (rétrograde, rétro-mitigé, lancé franc, rétro-lancé, super-lancé). Le battant (qui est un poids mort) frappe alors la cloche. La plus spectaculaire est la volée tournante : la cloche fait un tour sur elle-même. (Pays Occitan, Grand Midi Toulousain, Espagne). Avant l’électrification, on sonnait les plus grosses cloches (les bourdons) à l’aide de pédaliers, fixés sur leur paroi, que l’on poussait du pied (il fallait prendre garde de ne pas se le faire coincer entre le vide et le rebord du plancher !), ou bien on poussait l’instrument avec les mains (et alors, attention à ne pas se le prendre lui ou son battant dans les côtes !).
Aujourd’hui, on sonne hélas les cloches n’importe comment. À contrario d’hier, où un cérémonial, certes très tatillon, régissait leur bonne sonnerie. Certaines étaient utilisées pour un évènement bien précis, tant religieux que civil. Pour les plus passionnés, se référer au lien sonneries. *
Allez vite vous faire sonner les cloches par Rémi. Encouragez-le, sonnez vous-mêmes les cloches à vos amis pour qu’ils viennent sur son site, à la fois ludique, et plein d’enseignement.
Les cloches de Landisacq commencent à prendre de la bouteille. Aussi, ont-elles besoin d’être rénovées. Notre Rémi lance donc un appel pour sauver ce patrimoine exceptionnel. Vous pouvez contacter la Mairie au 02 33 65 31 76.
F.L.
Le site de Rémi :
Par ailleurs, si Rémi veut se perfectionner, ou prétendre en faire son (beau) métier, nous lui proposons les liens suivants :
Le campaniste est un professionnel de la conception, de la réalisation, de l'installation, de la restauration et de l'entretien des cloches et horlogeries d'édifices. Il maîtrise différentes techniques : charpenterie pour l'installation des structures bois, horlogerie pour les mécanismes ou encore électronique pour les systèmes de commandes automatiques programmées.
1 FONDEUR DE CLOCHES, CAMPANOLOGUE, CAMPANISTE 2 FONDEUR DE CLOCHES, C AMPANOLOGUE, C AMPANISTE MÉTIER Fondeur de cloches L'origine des cloches est très ancienne. Dès l'antiquité, on trouve des clochettes et des "sonnailles", composées de deux plaques de fer recourbées et jointes par des rivets. Les premières cloches chrétiennes apparaissent au VIe siècle.
Vincent Duseigne - Tchorski - Patrimoine campanaire, cloches et clochers
Le langage de la cloche. Nombreux sont les termes obscurs qui ne sont pas facilement accessibles. Le langage de la cloche est un petit lexique des mots les plus courants. Ce mini-dictionnaire est suivi d'un lexique très synthétique des fondeurs de cloches qui ont exécuté en Belgique ou qui y ont exporté au moins une cloche encore visible de nos jours.
Bien sûr,on n'oublie pas la fonderie Normande Cornille Havard à Villedieu-Les-Poêles !
Une visite passionnante et amusante entre les plages du Débarquement et le Mont-Saint-Michel. Un village historique préservé au cœur du bocage normand. Villedieu-les-Poêles, Cité du cuivre, ses cours médiévales, ses chemins pittoresques et son artisanat florissant. Découvrez neuf siècles de tradition, des gestes ancestraux aux techniques les plus modernes.